Entrevue de Michèle Laframboise sur Rose du désert
– lors des Prix Trillium 2025
Que signifie pour vous le fait d’être finaliste du Prix Trillium, cette année? Que je jardine les mots avec constance, puisque c’est ma 4e nomination aux prix Trillium avec un livre de Science-fiction qui ne se cache pas de l’être.
Où étiez-vous/que faisiez-vous lorsque vous avez appris que vous aviez été sélectionné.e comme finaliste? Dans le demi-sous-sol frais où je crée mes histoires.
À qui avez-vous annoncé en premier que vous aviez été sélectionné.e comme finaliste du Prix Trillium? Au mari et ma meilleure amie qui reste au Québec.
Pouvez-vous nous résumer votre livre en six secondes? Une Rose épineuse doit sortir de ses limites pour sauver la colonie.
Qu’espérez-vous que les lecteurs retirent de ce livre? Vous allez rencontrer au cours de votre vie des personnes de tous âges comme Rose, dont le cerveau appréhende le réel d’une façon unique. La façon de parler, de nommer les choses, va vous paraître bizarre, compliquée. Par ce livre, j’ai voulu construire un pont fragile pour démêler la jungle de la diversité neuronale. Le pont demande des soins, de la patience, de la compréhension. Et que les émotions devant un deuil sont comme un sac de nœuds.
Y a-t-il un moment où vous avez réalisé que ce livre était spécial? Parce que c’est un livre de SF dans lequel je me suis beaucoup investie émotionnellement. Pour Rose, j’ai pigé dans mes propres émotions d’adolescente pessimiste, solitaire. Dans tous mes livres, j’y mets du cœur.
Y a-t-il une phrase ou un passage de votre livre qui résonne encore en vous? Le passage où Rose pour la première fois, sort d’elle-même pour sauver la vie de son ami l’Aiglon. À quel point elle fait un effort pour trouver les mots qui rejoindront cet autre qui vit ses propres conflits intérieurs.
Si vous deviez créer une liste de lecture qu’une personne pourrait écouter pendant qu’elle lit votre livre, quelle serait la première chanson que vous choisiriez? Est-ce que cette chanson évoque un passage ou un moment spécifique du livre? Quelque chose de désertique et calme au début, comme la mélopée du film Bagdad Café, et plus joyeux vers la fin, comme Jonathan Livingstone le Goéland.
Quels conseils donneriez-vous à un écrivain ou une écrivaine en herbe qui regarderait cette interview? Ou peut-être à vous-même, au début de votre carrière littéraire? Ne pas attendre après les autres, ne pas attendre après la gloire. Écrire c’est être au service de l’histoire qu’on raconte, et pas de son ego. Et, en tant que lecteur et lectrice dans un monde de plus en plus envahi par les intelligence artificielles et médias sociaux qui nous enterrent vivants, écrivez un petit mot gentil aux auteurs et autrices. Ou à leur maison d’édition. Ça fait un grand bien.
Je n’ai plus besoin d’être lue par des millions de personnes, mais celles auxquelles mes livres vont rallumer l’espoir.
Quel est le premier livre qui vous a révélé le pouvoir des mots? Il y en a plus qu’un. Et je les découvre encore aujourd’hui. En littérature générale, il y a Germinal d’Émile Zola, pour son regard acéré sur la cruauté des classes sociales et Flight Behavior, que je considère comme le Grand Roman Américain, par Barbara Kingsolver, pour ton lyrique, ses vols de monarques oranges, ses gens pleins de secrets qui se dévoilent comme un papillon qui sort dans sa chrysalide.
Souhaitez-vous remercier une personne qui vous a encouragé.e et permis de vivre ce moment? Mon père Jacques Laframboise qui n’est plus parmi nous. Ma mère, Thérèse Lorrain Laframboise qui a toujours été une grande liseuse, et qui aimait écrire elle aussi. Et c’est une raison pourquoi je pense que c’est bon que la reconnaissance du public arrive avant qu’on soit trop vieux, car les gens qui nous ont encouragés, soutenus, eh bien… souvent ils et elles ne sont plus là.
Pour en savoir plus sur Rose du désert:
- site de l’éditeur
- Site de l’auteure
- Gagnant du Prix AAOF de littérature jeunesse 2024
- Finaliste aux prix Champlain 2024-2025
- Finaliste aux prix Trillium 2025


