Un roman prend son envol
Ce printemps, dans un doux bruissement de pages, mon nouveau roman de science-fiction quitte son nid douillet…
Le mois d’avril a filé très vite pour moi, avec des animations à distance pour l’initiative de REFC Lire en Ontario, et pour le Salon du livre de Sudbury. Ça faisait longtemps que je n’avais pas été autant occupée à parler de livres aux élèves francophones. La technologie des rencontres virtuelles (Meet, Teams, Zoom…) m’a donné du trouble au début, mais aussi un grand respect pour les enseignantes responsable de groupe qui devaient coordonner les ateliers depuis leurs foyers!
Le doux moi de mai s’installe, avec une profusion de tulipes et des dizaines d’espèces d’oiseaux qui se gargarisent joyeusement au-dessus de nos têtes.
Et se profile un autre événement, de ceux qui n’arrivent pas souvent pour un auteur: le lancement de mon nouveau roman de science fiction, Le secret de Paloma aux éditions David, à Ottawa.
Un extrait pour vous mettre en appétit?
J’habite dans un Théâtre, sous un bol de céréales renversé et brisé.
Bon, je l’admets, dit comme ça, ce n’est pas très clair pour qui lira ce journal.
Je reprends : j’habite dans un Théâtre, appuyé contre un fragment intact du bol renversé. (Avant d’être brisé, le bol de céréales était un grand dôme qui nous protégeait de l’atmosphère capricieuse de Sérail.)
Chaque soir, les deux parties du Rideau rouge glissent sur leurs rails pour se coller l’une à l’autre, fermant hermétiquement notre abri. Juste avant, tous les habitants doivent avoir entendu l’appel et être rentrés dans leurs loges.
Manquer la tombée du Rideau, c’est se condamner à mort.
Une Alouette en colère
Si je pouvais résumer ce roman de science-fiction en paraphrasant Félix Leclerc, je dirais que ça parle d’une Alouette en colère.
Une Alouette de 15 ans, durement secouée par la mort de sa meilleure amie Paloma, partie au désert. Or, sur la bien mal nommée Sérail (il faut bien donner des noms encourageants pour les colons jetés comme des dés dans les courants de l’espace), la pression atmosphérique chute dans leur vallée dès la tombée du jour. Personne ne survit à une nuit au-dehors.
Les émotions tourbillonnent dans le cœur brisé d’Alouette. La jeune fille se sent coupable, car elle n’a rien vu venir. Paloma n’a donné aucun signe extérieur de détresse.
Puis la colère monte : mais pourquoi Paloma, sa meilleure amie, ne lui a-t-elle rien dit des soucis qui devaient la ronger? Pourquoi n’a-t-elle pu partager sa peine? Alouette se répète qu’elle aurait pu empêcher cette mort, si elle avait été plus attentive a son amie. Sa situation est vécue par bien des proches endeuillés.
Une microsociété étouffante
Les colons avaient construit un dôme pour contrer les variations extrêmes de pression. Mais, dix ans après sa construction, une pluie de météorites ont rendu le dôme caduc. Du jour au lendemain, la vie confortable a basculé dans une survie ardue, sous un abri construit contre le mur d’assise, et fermé par un Rideau hermétique. Les ressources limitées forcent à économiser l’usage des technologies avancées. Il faut aller chercher l’eau dans des collecteurs situés en hauteur, dont les ailes noires font penser à des corneilles.
L’adversité frappe durement la population adulte où les suicides ne sont pas rares. Parce que sur Sérail, il suffit de partir et de ne plus revenir.
Or, les jeunes étouffent dans cette microsociété, située sur un monde où eux n’ont pas choisi de s’établir.
Alouette regarde vers le fond de la vallée, vers la mer invisible où l’air fuit chaque soir. Elle regarde aussi le désert, dont le sable s’écoule du plateau supérieur comme un sablier. Et elle se demande ce qui a pu pousser sa meilleure amie à y diriger ses pas. Sa quête de vérité commence…
Au cœur du roman: la santé mentale
La santé mentale trône au cœur du roman, avec ses souffrances souvent invisibles.*
Cela reflète cette année pleine de deuils, autant le deuil d’activités agréables que celui de personnes aimées. La pandémie de Covid-19 a arraché des parents et des ami-es. J’ai aussi perdu un mentor au grand âge, et des amis auteurs décédés d’autres causes, comme Jean-Pierre Moumon l’été dernier. Jean-Pierre m’encourageait toujours, quand il venait assister aux congrès Boréal. Il signait ses nouvelles Jean-Pierre Laigle, et un numéro récent de Solaris lui avait été consacré. mes préoccupations
Le lancement du Secret de Paloma aura lieu en ligne, mercredi le 19 mai 2021, à 18h, un jour avant la libération en Ontario (car nous sommes en confinement jusqu’au jeudi 20 mai).
Voici le carton d’invitation (regardez pas trop longtemps ma binette, c’est une nouvelle photo d’auteure sans ma casquette!) pour pouvoir vous joindre en ligne le moment venu. J’y lirai de extraits, et parlerai de mon inspiration pour écrire ce roman.
Contre la dévastation de la misère mentale, l’amitié et la confiance font renaître l’espoir, ce que je souhaite pour tous.
Lire une autre description de l’intrigue sur le site de l’éditeur, ici: Le secret de Paloma.
* Coincidence? La santé mentale forme le sujet d’un autre roman paru en février chez David, La folie est une couleur bleu ciel, par Tania Vallée-Ross.
Mon entrevue par Sylvie-Anne Jeanson pour l’émission la Mosaique de Toronto le 21 mai 2021 (environ 6 minutes)
https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/dans-la-mosaique/episodes/534382/rattrapage-du-jeudi-20-mai-2021/8