Rose du désert

Sur le monde hostile de Sérail, des familles survivent sous le Rideau qui les protège des chutes mortelles de pression.
La jeune Rose déteste tout: Alouette-la-parfaite, Paruline-la-coquette, William-le-pelucheur, la rivière à sec, les corvées, et son propre «cerveau capricieux» qui papillonne d’une idée à l’autre… et peine en mathématiques! Convaincue que le Rideau en ‘chépaquoinium’ va les lâcher, Rose s’enferme dans une solitude farouche que pas même Paruline, qui tente de se rapprocher, ne peut percer.
Or, des incidents se produisent et la sécheresse s’aggrave, Rose devra surmonter ses lacunes et faire un pas vers les autres pour trouver des solutions, et apprendre à faire confiance.


Une histoire qui explore la neuro-divergence, l’intelligence différente, le pardon et la volonté.

Parution :
Maison d’édition : David
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Extrait :

Sur Sérail-la-mal-nommée, des vents violents fouettent notre vallée, le soir, emportant notre air vers la mer. Ils reviennent, tout aussi violents, au matin. C’est comme une respiration. Les adultes ont un nom compliqué, adia-quelque chose, pour nommer ces vents capricieux.

Ce qui veut dire que, si on reste dehors la nuit, on meurt.

Je retiens mon souffle comme si j’allais manquer d’air et j’écoute les coups de vent qui frappent les grands pans de fibres en chépasquoinium du Rideau qui, peut-être, nous gardera en vie cette nuit. (Le vrai nom des fibres a trop de syllabes pour que je le retienne.)

Le grand Robert Radisson, notre chef à tous, affirme qu’il n’y a rien à craindre. La mère d’Alouette —Tamarine, qui était si fine !— avait conçu le Rideau pour durer. (J’aimerais pouvoir lui parler, mais elle est morte d’une sale maladie qui me fait peur.)

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Je m’allonge le bras pour toucher une surface dure et lisse. C’est que le Rideau, une fois fermé, devient aussi rigide qu’un mur. Sa base est calée dans une fosse qui assure une parfaite étanchéité.

Parfaite? Pas tout à fait.

L’air fuit par de minuscules fissures entre les joints du Théâtre. Comme ces fissures n’ont qu’un ou deux atomes de largeur, ça ne paraît pas trop. Au pire, on se réveille au matin avec les oreilles bouchées. Quand le soleil le réchauffe, le Rideau s’ouvre et ses moitiés vont s’enrouler dans les colonnes aux deux extrémités du Théâtre. L’air frais entre, mes oreilles font , à cause de la pression qui s’équilibre et youppie ! on a survécu une autre nuit.

Des bruits de vaisselle entrechoquée me parviennent du coin cuisine appuyé contre le mur en béton du bunker aux fleurs. Maman fait plus de bruit qu’elle n’en a besoin, pour me signaler que je suis censée l’aider à nettoyer les restes de table.

Maman est une as de l’adaptation végétale et de la diète, ce qui veut dire qu’elle sait : a) ce qu’elle veut faire pousser, et b) comment l’apprêter pour nous le faire manger avec appétit.

Son choix de spécialisation a soulagé plusieurs autres de cette tâche. Les « Merci Amandine, c’est délicieux ! » semblent lui suffire comme « validation sociale » (une expression de Tamarine la si fine, dont je m’ennuie).

Mon envie d’avoir la paix, seule avec mes idées noires, lutte avec ma culpabilité.

 

 

 

 

 

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350 pages

 

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