Anges et mésanges

Une aventure de l'intrépide Lady Byrd

Cover of the chapbook
Partie de Lady Byrd séries :

La vertu est une robe blanche salissante que seules les femmes doivent porter

Équipée de son guide Sibley, de son chapeau d'exploratrice et de ses fidèles jumelles, Amanda Byrd poursuit les espèces ailées les plus insaisissables, aidant parfois une âme en peine.

Tout dans cette excursion a mal tourné: Lady Byrd se réveille trop tard, car le guide a oublié d'organiser les appels du matin. De mauvaise humeur, elle doit se rendre sur le site elle-même. Son chemin croise celui d'une néophyte coincée dans une relation abusive, acculée à un choix odieux auquel seules les femmes sont confrontées.

Que peut faire une ornithologue experte pour dissiper ce brouillard de tristesse?

Une histoire pleine d'espoir avec l'énergique Lady Byrd!

 

Parution :
Maison d’édition : Echofictions
Genres :
Étiquettes :
Extrait :

1

See meeee!

L'appel flûté me tira d’un sommeil de plomb. Ces notes célestes produites par la gorge minuscule d'une mésange à tête noire m’étaient aussi familières que le canapé de mon salon. Le reste de l'année, ce petit oiseau furtif émettait un léger cloc, ou un ricanement nasillard, un ha-han-han-haan qui évoquait un couinement de canard.

Ces oiseaux animaient l’ambiance de n’importe quelle forêt hivernale; accrochez un morceau de graisse dans un filet et vous verrez surgir un petit groupe d’anges batailleurs dans votre cour arrière.

Mais, tandis que la neige fondait, les pensées des mésanges, comme celles des humains, délaissaient la nourriture pour se tourner vers les choses de l’amour. Et ce doux sifflement montait de partout.

See-mee!

Cette matinée ensoleillée rendait la mésange heureuse.

Pas moi. Pas du tout.

LIRE LA SUITE

Un mal de tête lancinant me rappelait à quel point j'avais été stupide d'accepter ce verre de vin hier soir, un petit blanc léger qui complétait le repas servi à l'hôtel à notre groupe d'observateurs d’oiseaux. Une femme blonde ne tarissait pas d'éloges sur sa caméra de 150 mm, mais la plupart de ses mots se perdirent quelque part en route vers mon cerveau.

Je repoussai des pieds mes draps et la grande couette en duvet de l'hôtel, avec violence, comme je le ferais avec un agresseur nocturne.

(J'avais de la chance de ne jamais avoir vécu l'événement, mais c’était arrivé à ma nièce.)

(Elle s’était bien débrouillée contre le stupide étudiant excité, qui avait abouti à l'hôpital. Néanmoins, je prenais des précautions supplémentaires.)

Je roulai de côté pour m'asseoir sur le bord du lit, mes pieds suspendus à quelques centimètres du sol. Lit d'hôtel extra-hauteur. Une impression de quelque chose qui n'allait pas me grattait l’esprit. Ce n’était pas le mal de tête.

Puis je vis les chiffres sur l'horloge numérique de la table de chevet laquée.

Six heures dix. Du matin.

Misère et fiente de moineau!

Ce matin, j’aurais dû me lever à 5 h 30, manger une petite collation et monter à bord du minibus qui me conduirait, avec une douzaine d'autres, dans un endroit isolé où une rare paruline avait été observée pour la dernière fois.

Cette fauvette était ce genre d'oiseau brunâtre insaisissable, plus facile à entendre qu'à voir. Ses couleurs décalées en faisaient tout le contraire des mésanges à tête noire: non seulement difficile à voir, mais tout un défi à identifier.

Les ornithologues se levaient toujours très tôt pour être sur le terrain à l'aube. Je grimaçai. En ce moment, le bus de tournée devait avoir quitté l’hôtel, avec le reste de mon groupe.

Lors de mes autres visites d'observation des oiseaux, les organisateurs réveillaient tout le monde à la même heure, généralement 5h00 ou 5h30.

Je n'avais pas encore rencontré le directeur de Sully Bird Tours, seulement une grande fille athlétique aux cheveux bruns, une Lucy Machin qui m'avait accueillie à l'aéroport et soulevé mes bagages sans même ralentir. (J'aurais dû me souvenir de son nom, mais le vol m'avait un peu zombifiée).

Lucy m’avait conduite dans cet hôtel trois étoiles, où je fis connaissance avec les autres membres du groupe au souper, mais le monsieur Sully de Sully Tours avait été apparemment retenu ailleurs.

S’il était de la génération de Lucy, peut-être avait-il laissé un message Facebook, une notification Twitter ou une alerte avec je ne sais quelle technologie, sans penser que certaines personnes du groupe étaient assez vieilles pour être sa mère. (Ou même sa grand-mère, s'il était vraiment jeune.)

Une vague de colère me secoua contre ce Ronald Sully. Un responsable de tournée d'observation compétent se serait assuré que tous les membres étaient debout et assis dans l’autobus avant de démarrer. Surtout que lesdits membres avaient déboursé au-dessus de mille dollars pour ce forfait tout compris d'un week-end.

See-meee!

L'appel du le mésange tempéra ma déception. Le cri d’accouplement printanier était une flûte douce, apaisant pour ma migraine. Peut-être que Ron Sully avait-il appelé mon numéro de chambre, et que je dormais trop profondément pour être réveillée?

Je vérifiai le téléphone près du radio-réveil.

Pas de lumière rouge clignotante. Donc pas d'appels.

Si je sautais le petit-déjeuner et le brossage des dents, j'avais une mince chance d’attraper la navette de l'hôtel de 6h30 et d'arriver à l'entrée du parc à temps. Normalement, j'aurais appelé un taxi, mais la petite ville jouxtant le gigantesque parc n'en avait pas beaucoup et, à mon âge, il n’Était pas question que j'adopte l'application Uber dont raffolait mon neveu technophile.

Mes mains descendirent sur ma chemise de nuit, rencontrant ma vessie pleine.

À la bath-cave, ordonna mon cerveau engourdi.

#

 

REGROUPER

Informations

livre court, 72 p.

couverture souple

Femmes contemporaines / Humoristique / Littérature et fiction | Femmes d'aujourd'hui

héroïne mature / ornithologie amateur / observation des oiseaux / héroïne mature / protagoniste mature / romance / héroïne âgée / amitié / grossesse inattendue / relation abusive / espoir

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *